
Dans un marché saturé de remakes et de hommages aux RPG classiques, The RPG se distingue par son approche résolument auto-dérisoire. Ce titre ne se contente pas de reproduire la formule des JRPG des années 1990 : il la démonte, la malaxe et la présente sous un jour résolument absurde. Entre combats au tour par tour revisités, quêtes délibérément idiotes et dialogues cassant allègrement le quatrième mur, The RPG promet une expérience unique. Mais derrière cette façade humoristique, le jeu propose-t-il une aventure réellement aboutie ? C’est ce que nous allons examiner en détail dans ce test complet.
Une direction artistique entre nostalgie et provocation
Le premier contact avec The RPG est un choc visuel assumé. Le jeu adopte un style pixel art 16-bits ultra-manifeste, poussant volontairement les limites du mauvais goût rétro. Les couleurs sont saturées à l’extrême, les animations saccadées, et certains effets visuels semblent tout droit sortis des pires productions RPG Maker des années 2000.
Pourtant, cette apparence « low-cost » cache une réelle intelligence artistique :
- Les personnages principaux arborent des designs volontairement ridicules (un héros bedonnant, une magicienne obsédée par les sucreries)
- Les monstres parodient allègrement les classiques du genre (des slimes en forme de fast-food, un dragon souffrant visiblement de surpoids)
- Les environnements regorgent de clins d’œil visuels aux grands noms du JRPG
L’interface utilisateur mérite une mention spéciale :
- Des menus intentionnellement mal conçus (avec des options inutiles comme « Ne pas sauvegarder »)
- Un système de combat qui se moque ouvertement des mécaniques traditionnelles
- Des effets visuels poussés à l’absurde (des explosions qui cachent la moitié de l’écran)
Le paradoxe visuel : Alors que tout semble criard et mal fini, cet aspect participe pleinement à l’identité unique du jeu. On oscille constamment entre irritation et fascination devant tant d’audace.

Une narration qui dynamite les codes du genre
L’histoire de The RPG commence comme n’importe quel récit héroïque classique : un jeune homme ordinaire découvre qu’il est l’Élu destiné à sauver le monde. Sauf qu’ici, le scénario prend immédiatement un virage méta des plus détonnants :
Les personnages principaux :
- Un « héros » paresseux et cynique qui négocie systématiquement pour éviter les combats
- Une guérisseuse obsédée par les réseaux sociaux plutôt que par la magie
- Un mage incompétent dont les sorts échouent plus souvent qu’ils ne réussissent
Les mécaniques narratives innovantes :
- Des quêtes secondaires absurdes qui se moquent des poncifs du genre (« Tuez 10 rats » devient « Observez 10 rats puis payez quelqu’un pour les tuer »)
- Des choix dialogiques hilarants (pouvoir insulter un roi ou lui demander une augmentation)
- Une conscience aiguë du médium (les PNJ commentent vos actions de joueur)
L’humour comme pilier central :
- Références gaming trash (des clins d’œil à Final Fantasy, Dragon Quest et même Undertale)
- Des running gags bien menés (comme le marchand toujours présent aux pires moments)
- Une critique acerbe des mécaniques RPG usées jusqu’à la corde
Le risque du méta-humour : Si certaines blagues font mouche, d’autres tombent à plat, surtout pour les joueurs peu familiers avec les codes du genre. L’expérience reste néanmoins globalement hilarante pour qui adhère au ton décalé.
Un gameplay entre tradition et subversion
Sur le plan mécanique, The RPG joue un double jeu subtil : il reprend les bases du JRPG tout en les détournant avec malice.
Le système de combat :
- Un tour par tour classique… mais avec des options absurdes (« Fuir en pleurant », « Tenter de négocier »)
- Des capacités spéciales parodiques (« Coup de Pied Parental » qui inflige des dégâts et de la honte)
- Des boss aux mécaniques ridicules (un ennemi faible… sauf si vous utilisez des objets)
La progression du personnage :
- Un arbre de compétences satirique avec des talents inutiles (« Expert en économie de MP »)
- Des statistiques revisitées (le « Charisme » affecte les prix en magasin)
- Un système d’équipement absurde (des armures en carton, des épées en mousse)
Les innovations notables :
- Un mécanisme de fatigue qui punit les combats trop longs
- Des événements aléatoires complètement imprévisibles
- La possibilité de tricher ouvertement (avec des conséquences humoristiques)
L’équilibre délicat : Si le jeu se moque des conventions, il parvient paradoxalement à proposer une expérience jouable et même stratégique par moments. Les puristes y trouveront peut-être leur compte, à condition d’accepter l’aspect délibérément bancal de certaines mécaniques.

Une bande-son entre hommage et parodie
L’expérience audio de The RPG constitue l’un de ses piliers les plus réussis, parvenant à naviguer habilement entre nostalgie sincère et dérision assumée.
Une OST qui joue avec les attentes
La bande-son, composée de synthés 8/16-bits, reprend les codes musicaux des JRPG classiques tout en les poussant à l’absurde :
- Thèmes de combat : Des mélodies épiques… mais qui déraillent volontairement (fausses notes, rythmes saccadés).
- Musiques de village : Des airs joyeux ponctués de bruits inattendus (éternuements, pets sonores).
- Boss themes : Des compositions dramatiques ridiculisées par des choeurs grotesques ou des instruments décalés (kazoo, flûte à bec).
Certains morceaux, comme le thème du « Donjon Inutile » (une zone optionnelle sans récompense), sont de véritables pépites d’humour musical.
Les effets sonores comme arme comique
- Bruitages volontairement cheap : Les attaques basiques produisent des sons de cartoon (bruits de soufflet, coups de marteau).
- Dialogues muets… mais expressifs : À la manière des vieux RPG, les voix sont remplacées par des jingle textuels qui varient selon l’humeur du personnage.
- Événements sonores absurdes : Un exemple ? La « pluie » qui produit un bruit de chips qu’on écrase.
Le paradoxe audio : Alors que tout semble amateur et bâclé, cette imperfection calculée participe pleinement à l’identité du jeu.
Durée de vie et contenu bonus
The RPG ne mise pas sur la longévité, mais sur une expérience concentrée et mémorable.
Campagne principale : Qualité > Quantité
- 6 à 8 heures pour un playthrough standard.
- 10-12 heures en complétant les quêtes secondaires.
- Un rythme soutenu qui évite les temps morts.
Les quêtes secondaires valent le détour :
- « Le Concours de Taunt » : Débloquer des insultes toujours plus créatives.
- « La Quête du Café » : Une parodie des fetch-quests interminables.
- « Le Boss Secret » : Un combat contre… le développeur du jeu lui-même.
Éléments de rejouabilité
- Choix narratifs avec des conséquences humoristiques (ex : rejoindre les « méchants »).
- Endings alternatifs (dont un où votre personnage abandonne purement et simplement).
- Easter Eggs référençant d’autres titres de Catoptric Games.
Bémol : Certains joueurs pourront regretter l’absence de mode New Game+ ou de difficultés supplémentaires.

Public cible et rapport qualité-prix
Pour qui ce jeu est-il fait ?
- Fans de JRPG old-school : Ils saisiront toutes les références.
- Amateurs d’humour méta : Le ton se rapproche de Undertale ou Moon: Remix RPG Adventure.
- Joueurs occasionnels : La simplicité des mécaniques le rend accessible.
À éviter si…
- Vous cherchez un RPG profond avec un scénario sérieux.
- Vous n’aimez pas l’humour absurde et auto-référentiel.
- Les graphismes rétro low-fi vous rebutent.
Rapport qualité-prix
- Prix actuel : ~15€ (fréquemment en promo à ~10€).
- Justifié pour une expérience unique et drôle, mais trop léger pour ceux qui recherchent des centaines d’heures de jeu.
Une parodie qui dépasse le simple pastiche
The RPG réussit le pari audacieux d’être à la fois :
✅ Une critique acerbe des tropes du genre.
✅ Un hommage affectueux aux JRPG des années 90.
✅ Une expérience vidéoludique unique en son genre.
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