
Développé par Ewoud van der Werf et Nils Slijkerman, et publié par Extra Nice et Playism, SCHiM est un jeu de plateforme poétique et contemplatif, sorti en juillet 2024. Le titre plonge le joueur dans la peau d’une âme-ombre (schim en néerlandais), entité spirituelle liée à un humain, devant naviguer entre ombre et lumière pour retrouver son propriétaire. Alliant parkour aérien, puzzles environnementaux et narration minimaliste, SCHiM se distingue par son concept original, son esthétique épurée et son ambiance mélancolique. Cette analyse examine en détail six aspects clés du jeu : son concept et son univers, les mécaniques de plateforme et d’ombres, la narration et la symbolique, la direction artistique et sonore, l’expérience de jeu et la durée de vie, ainsi que sa portée artistique.
Concept et univers
SCHiM s’inspire de folklore néerlandais et asiatique, où chaque être humain possède une âme-ombre qui le suit tout au long de sa vie. Le jeu débute lorsque le schim du joueur est accidentellement séparé de son humain, et doit entreprendre un voyage à travers la ville pour le retrouver. L’univers est contemporain mais teinté de magie discrète : les ombres deviennent des plateformes, les reflets des portails, et la lumière guide le chemin. Le monde, bien que réaliste dans ses décors (rues, parcs, appartements), est revisité par une dimension onirique où l’ordinaire devient extraordinaire. Cette dualité entre réel et spirituel forme le cœur de l’expérience.

Mécaniques de plateforme et d’ombres
Le gameplay repose sur un système de déplacement innovant : le schim ne peut se déplacer que d’ombre en ombre, comme une silhouette sautillante. Chaque bond doit être précis et timingué, car rester trop longtemps dans la lumière fait dépérir l’âme. Les ombres sont dynamiques : elles se déplacent avec le soleil, s’étirent, se déforment ou disparaissent, obligeant le joueur à anticiper ses trajectoires. Le schim peut aussi interagir avec certains éléments pour modifier les ombres (allumer une lampe, ouvrir une fenêtre), créant des puzzles environnementaux ingénieux. La courbe de difficulté est bien dosée, introduisant progressivement de nouvelles mécaniques (ombre mouvante, ombre réfléchie).
Narration et symbolique
La narration est minimaliste et sans dialogues. L’histoire est racontée à travers le voyage lui-même, les environn traversés et les courtes cut-scenes montrant l’humain évoluant dans sa vie quotidienne. Le jeu explore avec subtilité des thèmes universels : la connexion, la solitude, la quête de sens. Le schim, bien que silencieux, exprime par ses gestes et ses interactions une curiosité et une détermination touchantes. La symbolique des ombres — comme métaphore des parts cachées de soi, des souvenirs, ou de la présence invisible — est omniprésente et invite à la réflexion.

Direction artistique et ambiance sonore
Le style visuel est épuré et élégant : les décors sont en low-poly avec des textures sobres, mais les jeux de lumière et d’ombre sont extrêmement détaillés et réalistes. La palette de couleurs, dominée par des tons pastel et des contrastes marqués, renforce l’atmosphère douce-amère. La bande-son, composée de pianos mélancoliques, de nappes atmosphériques et de bruitages discrets (vent, pas étouffés, cliquetis), accompagne parfaitement l’exploration solitaire. L’ensemble forme une expérience sensorielle cohérente et immersive, presque méditative.
Expérience de jeu et durée de vie
SCHiM se vit comme une expérience courte (environ 4 à 6 heures) mais intense. Le gameplay, bien que répétitif dans son essence, reste engageant grâce aux nouveaux défis et aux variations environnementales. Certains passages demandent une grande précision, pouvant frustrer les joueurs moins aguerris, mais les checkpoints sont généreux. La durée de vie est prolongée par des collectibles (souvenirs cachés) et un mode time attack pour les perfectionnistes. Cependant, le jeu assume pleinement son statut d’expérience courte et poétique, plutôt que de jeu à contenu extensif.

Portée artistique
SCHiM transcende le statut de simple jeu pour devenir une véritable œuvre d’art interactive. Son utilisation de la lumière et de l’ombre comme mécanique centrale est non seulement innovante sur le plan gameplay, mais aussi profondément métaphorique. Le jeu invite à une réflexion sur la nature des liens invisibles qui nous unissent aux autres, à nos environnements et à nous-mêmes. Par son minimalisme narratif et sa direction artistique audacieuse, il démontre la maturité du médium vidéoludique comme vecteur d’émotions et de poésie.
Conclusion
SCHiM est une expérience vidéoludique rare et précieuse, qui marie avec grâce innovation mécanique, profondeur symbolique et beauté artistique. Son concept d’ombre vivante offre un gameplay à la fois original et engageant, tandis que son ambiance mélancolique et poétique touche droit au cœur. Bien que sa durée de vie soit courte et sa difficulté parfois exigeante, il laisse une empreinte durable grâce à son univers cohérent et sa portée émotionnelle.
Une œuvre incontournable pour les amateurs de jeux indépendants et d’expériences contemplatives, et une brillante démonstration que le jeu vidéo peut être un médium aussi subtil que profond. À découvrir absolument, pour quelques heures de poésie interactive inoubliables.
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