Sorti en mars 2025, Squirreled Away représente une tentative audacieuse de renouveler le genre du stealth game en le transposant dans un univers animalier insolite. Développé par le studio Far Seas et publié par THQ Nordic, ce titre place le joueur dans le rôle d’un écureuil espion chargé de mener des opérations d’infiltration périlleuses. Entre humour décalé et mécaniques de furtivité exigeantes, il propose une expérience qui se situe à mi-chemin entre Metal Gear Solid et Stray, le tout servi par une direction artistique enchanteuse.
Le gameplay : furtivité et agilité arboricole
Le cœur de Squirreled Away repose sur un système de furtivité remarquablement abouti. Le joueur doit utiliser l’environnement arboricole et urbain à son avantage : déplacements sur les toits, sauts de branche en branche, utilisation des buissons et des conduits d’aération. La physique de l’écureuil, à la fois nerveuse et réaliste, demande une période d’adaptation. Le système de détection des ennemis – principalement des chiens de garde, des corbeaux et des humains négligents – est subtil et réactif. L’accent est mis sur l’évitement et la ruse plutôt que sur le combat direct, avec des outils improvisés comme des noisettes lancées pour créer des diversions.
La progression et la personnalisation
Au fil des missions, l’écureuil espion acquiert de nouvelles compétences et équipements via un arbre de talents ingénieux. La personnalisation du petit héros permet d’adapter son style de jeu : privilégier la vitesse et l’agilité, ou opter pour des gadgets plus élaborés comme le grappin à queue ou le leurre sonore à base de cris d’animaux. Le système de craft, qui utilise des ressources naturelles récoltées dans l’environnement (fibres, brindilles, objets perdus), ajoute une dimension survivaliste légère mais bien intégrée à la progression.
La direction artistique et l’univers
Le parti pris artistique de Squirreled Away est l’une de ses plus grandes forces. Le jeu utilise un style « peinture à l’huine » numérique qui donne aux environnements une texture riche et organique. Les couleurs automnales, les lumières tamisées à travers les feuillages et les détails des décors créent une ambiance poétique et chaleureuse. Cet univers bucolique contraste avec la tension des séquences d’infiltration, renforçant l’immersion. Les animations de l’écureuil, à la fois réalistes et expressives, contribuent grandement à l’attachement au personnage.
La structure narrative et les personnages
La campagne principale propose une quête pleine d’humour et de surprises, où notre héros mustélé doit déjouer un complot menaçant l’équilibre de la forêt. Les personnages animaliers rencontrés – un blaireau grincheux, une belette hyperactive, un hibou sage – sont tous dotés de personnalités marquées et de dialogues savoureux. La narration utilise intelligemment le contraste entre la gravité des enjeux espionnagesques et l’absurdité de la situation : un écureuil sauveur du monde. On regrette seulement une certaine linéarité dans le déroulement de l’histoire, qui laisse peu de place aux véritables choix narratifs.
La conception des niveaux et la variété
Chaque mission propose un environnement unique et méticuleusement conçu : parc urbain, jardin botanique, manoir abandonné, réserve naturelle. La conception verticale est particulièrement soignée, encourageant une exploration tridimensionnelle. Les objectifs secondaires – collecter des noisettes rares, photographier des espèces particulières – ajoutent une couche de rejouabilité bienvenue. La difficulté est progressivement bien dosée, introduisant de nouveaux mécanismes et ennemis à un rythme maîtrisé.
La technique et l’optimisation
Sur le plan technique, Squirreled Away impressionne par son optimisation. Le moteur graphique restitue avec fluidité la densité des feuillages et la complexité des environnements. Les temps de chargement sont réduits au minimum, préservant l’immersion. La version PC offre un panel d’options graphiques complet, permettant d’adapter les performances à différentes configurations. On note une attention particulière portée à l’accessibilité, avec des options de difficulté modulables et des aides visuelles pour les joueurs moins aguerris en furtivité.
Conclusion
Squirreled Away est une réussite singulière et attachante. Far Seas a su créer une expérience de furtivité originale qui se distingue autant par son univers poétique que par la qualité de ses mécaniques de jeu. S’il emprunte aux grands noms du genre, il les réinterprète avec une identité propre, mêlant humour, aventure et tension avec un équilibre remarquable. Le titre parvient le pari difficile d’être accessible sans être simpliste, et profond sans être abscons. Plus qu’un simple jeu de furtivité animalier, Squirreled Away est une ode à la nature et à l’aventure, qui devrait séduire autant les amateurs du genre que les joueurs en quête d’une expérience unique et dépaysante.
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