Sorti en septembre 2025, Sonic Racing: CrossWorlds se présente comme l’aboutissement de la série des jeux de course Sonic. Développé par Sonic Team et publié par Sega, ce titre ambitieux a pour objectif de synthétiser les forces de ses prédécesseurs, des classiques comme Sonic & All-Stars Racing Transformed à la niche appréciée Sonic Riders. Il introduit simultanément une mécanique inédite, les « Travel Rings », destinée à dynamiser le genre du kart racing. Cette analyse se propose de décortiquer la manière dont le jeu parvient à concilier héritage et innovation, entre hommage aux fans et volonté de séduire un public élargi grâce à un contenu crossover substantiel.
Le gameplay : entre héritage et innovation
Le cœur de Sonic Racing: CrossWorlds repose sur une refonte ambitieuse des systèmes de jeu traditionnels. Le titre abandonne le mode de course en équipe de Team Sonic Racing pour se concentrer sur une expérience de course plus classique, mais profondément enrichie . La mécanique phare, les « Travel Rings », transforme radicalement le déroulement d’une course. Au terme du premier tour, le meneur de la race a le pouvoir de choisir entre deux portails, déterminant ainsi le monde dans lequel se déroulera le deuxième tour . Cette innovation, inspirée par l’utilisation des anneaux dans les films Sonic et par le sentiment de découverte en conduite réelle, vise à garantir qu’aucune course ne se ressemble . De plus, le jeu réintègre avec brio le système de transformation des véhicules (terre, mer, air) issu de Sonic & All-Stars Racing Transformed, ainsi que les planches Extreme Gear de la série Sonic Riders, offrant ainsi une diversité de styles de pilotage inédite dans la série.

La personnalisation et la progression
CrossWorlds pousse la personnalisation à un niveau jamais atteint dans la franchise. Pour la première fois, les personnages ne sont plus liés à un véhicule spécifique. Chaque personnage et chaque machine possèdent leurs propres statistiques (Vitesse, Accélération, Puissance, Maniabilité), permettant aux joueurs de créer des combinaisons qui correspondent parfaitement à leur style de jeu . Le système de garage est particulièrement approfondi, avec la possibilité de mélanger les pièces de plus de 45 véhicules pour créer une machine unique, elle-même personnalisable avec des peintures et des décalcomanies . La progression est rythmée par l’obtention de « Donpa Tickets », une monnaie gagnée en course qui permet d’acheter de nouvelles pièces ou d’améliorer ses relations avec les personnages pour débloquer des récompenses . Enfin, l’ajout de plus de 70 « Gadgets » équipables avant une course, conférant des avantages passifs, introduit une couche stratégique et RPG supplémentaire, permettant d’affiner sa tactique .
La réalisation technique et la direction artistique
Sur le plan technique, Sonic Racing: CrossWorlds est un produit moderne, bénéficiant de la puissance d’Unreal Engine 5 . La version PC, bien qu’optimisée, présente certaines limitations, notamment un verrouillage du taux de rafraîchissement à 60 images par seconde et un support natif limité aux écrans 16:9, nécessitant un correctif communautaire pour les configurations ultra-large . La direction artistique puise dans le riche héritage de Sonic pour proposer 24 circuits de base, dont des réinterprétations de stages emblématiques comme Metal Harbor (Sonic Adventure 2) ou Kronos Island (Sonic Frontiers) . Les 15 « CrossWorlds » supplémentaires se distinguent par leurs thèmes variés, allant de la cité steampunk à la planète magmatique, créant une expérience visuelle à la fois cohérente et constamment renouvelée . La bande-son, orchestrée par Takahiro Kai avec des contributions de compositeurs légendaires de Sega et de musiciens externes, accompagne parfaitement cette course à travers les dimensions.

Le contenu et la rejouabilité
Le jeu mise sur une quantité de contenu impressionnante pour assurer sa longévité. Le mode principal, le « Grand Prix », propose huit coupes de quatre courses, mêlant circuits classiques et segments CrossWorlds . Il est complété par un mode contre-la-montre, un mode « Race Park » réintroduisant des mécaniques de jeu en équipe, et un mode multijoueur en ligne cross-platform pour 12 joueurs . La rejouabilité est renforcée par des objectifs de collection, comme la recherche des Red Star Rings cachées, et par des événements « festival » en ligne réguliers . Avec une durée de vie initiale d’environ une trentaine d’heures pour terminer le contenu solo de base, et des perspectives étendues via les mises à jour en ligne, CrossWorlds offre une expérience substantielle .
Le roster et la stratégie de contenu additionnel
Sonic Racing: CrossWorlds se distingue par la taille et la variété de son roster, le plus important de la série, avec plus de 50 pilotes prévus . Au-delà des habituels Sonic, Tails et Knuckles, le jeu accueille des invités de l’ensemble du catalogue Sega et Atlus, comme Hatsune Miku, Joker (Persona 5) ou Ichiban Kasuga (Yakuza) . La stratégie de contenu additionnel est particulièrement agressive, avec deux types de mises à jour : des personnages issus de propriétés Sega ajoutés gratuitement, et un « Season Pass » premium incluant 15 personnages de franchises externes comme Minecraft, SpongeBob SquarePants ou PAC-MAN . Cette approche, répondant aux critiques sur le manque de crossover de Team Sonic Racing, vise clairement à élargir l’audience, même si l’absence de doublage pour ces personnages invités peut nuire à leur intégration.

L’accueil critique et la philosophie de développement
À sa sortie, Sonic Racing: CrossWorlds a été très bien accueilli par la critique et le public, comme en témoignent des scores avoisinant les 83 sur OpenCritic et un taux de recommandation Steam « Overwhelmingly Positive » (96%) . Les éloges portent sur la profondeur du gameplay, l’étendue de la personnalisation et le plaisir de conduite . Les réserves concernent principalement le contenu solo, jugé parfois répétitif, et la présentation des personnages en DLC . La philosophie de développement, expliquée par le directeur créatif Masaru Kohayakawa, s’ancre dans l’ADN du jeu de course Sega. L’équipe s’est appuyée sur les bases de Sega Rally et s’est inspirée de la sensation de dérive d’OutRun, le tout sous la supervision de programmeurs ayant travaillé sur les séries Initial D arcade . Cette fusion d’héritages donne au jeu cette « sauce secrète Sega » qui caractérise sa physique de conduite à la fois accessible et riche .
Conclusion
Sonic Racing: CrossWorlds est bien plus qu’un simple épisode de plus ; il se pose en point d’orgue et en synthèse de toute l’histoire du jeu de course Sonic. En réussissant le pari périlleux d’unifier des éléments appréciés de jeux aux identités fortes et différentes, tout en y injectant une mécanique centrale véritablement novatrice, Sonic Team a livré une expérience à la fois profondément nostalgique et résolument moderne. Si le modèle économique agressif autour des personnages téléchargeables et certaines limitations techniques peuvent faire débat, ils n’entachent pas le fait que le jeu constitue une référence du genre kart racing en 2025. CrossWorlds ne se contente pas de rendre hommage au passé, il trace une voie excitante pour l’avenir de la franchise.

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