Sorti en août 2025, Midnight Murder Club représente une tentative audacieuse de renouveler le genre du social deduction game en lui insufflant une profondeur narrative et technique inédite. Développé par Velan Studios et publié par PlayStation Publishing, ce titre se distingue par son approche hybride, mêlant les mécaniques sociales des jeux comme Among Us à la production valeur d’un thriller interactif. Dans un paysage gaming où les expériences multijoueurs éphémères pullulent, Midnight Murder Club ambitionne d’offrir une aventure structurée et mémorable, où chaque partie écrit un chapitre unique dans une histoire plus grande.

Le concept : un thriller social interactif
Midnight Murder Club plonge les joueurs dans l’univers clos et luxueux d’un manoir appartenant à l’énigmatique magnat des technologies, Alistair Finch. Le cadre n’est pas qu’un simple décor : il devient un personnage à part entière, avec ses secrets, ses passages dérobés et son histoire trouble. Le concept repose sur une prémisse simple mais efficace : lors d’une soirée mondaine, un meurtre est commis. Parmi les huit invités, se cache un tueur. Les survivants doivent identifier le coupable avant que celui-ci ne les élimine tous. Ce qui distingue Midnight Murder Club des autres jeux du genre, c’est l’importance accordée à la motivation narrative. Le tueur n’agit pas au hasard ; il suit un scénario prédéfini avec des objectifs précis, tandis que les innocents découvrent progressivement les sombres secrets qui les lient les uns aux autres.
Le gameplay : déduction, tromperie et exploration
Le gameplay de Midnight Murder Club s’articule autour de trois piliers fondamentaux. La déduction constitue le cœur de l’expérience pour les innocents. Ces derniers doivent explorer le manoir, recueillir des preuves, discuter des événements et croiser les témoignages pour identifier le traître. Le jeu introduit un système de « preuves tangibles », comme des lettres, des objets personnels ou des enregistrements, qui viennent étayer les accusations au-delà du simple ressenti. La tromperie, quant à elle, est l’arme principale du tueur. Disposant de capacités spéciales, comme la possibilité d’utiliser des passages secrets, de saboter des systèmes ou de simuler des alibis, il doit semer le doute et manipuler les autres joueurs pour éviter d’être démasqué. Enfin, l’exploration du manoir est cruciale. L’environnement est vaste et interactif, encourageant les joueurs à se séparer pour couvrir plus de terrain, une stratégie risquée qui peut profiter au tueur.

La narration émergente et les personnages
La grande force de Midnight Murder Club réside dans sa capacité à générer une narration émergente riche et unique à chaque partie. Le jeu est construit autour d’une « méta-intrigue » qui se dévoile progressivement sur plusieurs sessions. Chaque personnage jouable possède un passé, des motivations et des relations cachées avec les autres invités. Une partie ne se résume donc pas seulement à survivre ou à éliminer ; il s’agit également de découvrir pourquoi le tueur agit, quels secrets il cherche à protéger ou à venger. Ce système de « relations dynamiques » signifie que les alliances et les trahisons prennent un poids dramatique supplémentaire, transformant une simple partie en un véritable épisode d’une série télévisée dont les joueurs sont les co-scénaristes.
La réalisation technique et l’ambiance
Velan Studios a mis les petits plats dans les grands pour offrir une réalisation technique et artistique de très haut niveau. Le manoir est rendu avec un souci du détail remarquable, des bibliothèques remplies de livres anciens aux sous-sols humides et inquiétants. Le jeu utilise un éclairage dynamique et des effets sonores spatialisés pour créer une ambiance palpable de tension et de paranoïa. Le grincement d’une porte, une ombre qui passe, le son des pas sur le parquet : chaque détail est pensé pour immerger le joueur. Les modèles de personnages sont expressifs et leurs animations contribuent à renforcer leur personnalité. La bande-son, composée de mélodies piano subtiles et de montées orchestrales dramatiques, souligne parfaitement les moments de calme suspicieux et de révélation intense.

La rejouabilité et la progression
La longévité de Midnight Murder Club est assurée par plusieurs facteurs ingénieux. Tout d’abord, la variété des scénarios prédéfinis, chacun avec un tueur, un motif et un déroulement différents, garantit que les premières parties seront toujours surprenantes. Ensuite, un système de « cartes de rôle » aléatoires peut assigner des objectifs secondaires secrets à certains joueurs (comme un innocent qui doit voler un objet spécifique), complexifiant les dynamiques sociales au-delà du simple duel innocent/tueur. Enfin, un système de progression métagame permet de débloquer de nouveaux costumes, des emotes, des éléments de lore et même de nouveaux personnages au fil des parties jouées, offrant une récompense tangible et un sentiment de continuité même après une défaite.
L’accueil critique et la place sur le marché
À sa sortie, Midnight Murder Club a été salué par la critique pour son audace et son exécution. Les éloges ont principalement porté sur l’ingénieuse imbrication de la narration et du gameplay social, la qualité de la réalisation et la profondeur stratégique offerte par les objectifs secondaires. Certaines réserves ont concerné la courbe d’apprentissage, qui peut être abrupte pour les nouveaux venus dans le genre, et la dépendance à une communauté active pour une expérience optimale. Sur le marché, le jeu se positionne habilement en s’adressant à un public qui apprécie les jeux sociaux, mais qui est en quête d’une expérience plus substantielle et moins anarchique que ce que proposent les titres purement party game. Son modèle économique, basé sur l’achat unique sans microtransactions agressives, a également été bien accueilli.
Conclusion
Midnight Murder Club est bien plus qu’un simple jeu de déduction sociale ; c’est une expérience narrative partagée d’une rare ambition. Velan Studios a réussi le pari périlleux d’élever le genre en lui offrant une profondeur scénaristique et technique sans sacrifier la tension et le plaisir immédiats du « menteur et du traqué ». En faisant de chaque partie une pièce d’un puzzle narratif plus vaste et en dotant ses personnages d’une réelle épaisseur dramatique, le jeu transforme les traditionnels arguments en salle de discussion en véritables rebondissements de thriller. S’il demande un certain investissement pour en tirer toute la substance, Midnight Murder Club s’impose comme une référence du genre, une démonstration éclatante que le multijoueur social peut être à la fois profond, mémorable et superbement mis en scène.

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